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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/249

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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

Un maniaque des plus singuliers, — dont la folie consiste à fouiller jusqu’au sang toutes les bibliothèques de l’univers, dans l’espérance d’y découvrir des preuves de la non-sainteté de Colomb, — le bibliographeaméricain, M. Henri Harrisse, homme parfaitement sûr que Dieu n’existe pas, a fixé au 22 avril de l’année 1500, la découverte de l’Amérique, en admettant que Christophe Colomb ne fût jamais né. Post hoc, propter hoc.

Un autre faquin scientifique, le Xénophon et le Humboldt des commis voyageurs, le rutilant Jules Verne enfin, dans son histoire populaire des Grands voyageurs, a trouvé le moyen d’être encore plus étonnant. « On peut certifier, dit-il, que Colomb est mort dans cette croyance qu’il avait atteint les rivages de l’Asie et sans avoir jamais su qu’il eût découvert l’Amérique. La rencontre du nouveau continent ne fut qu’un hasard. » M. Jules Verne qui a tout inventé pour tout enseigner, ignorera éternellement que Christophe Colomb connaissait l’existence d’une mer libre au delà de ce nouveau continent et qu’il n’accomplit son dernier voyage qu’en vue de trouver un passage de l’Atlantique à la mer des Indes. Il conjecturait que ce passage devait être situé vers l’isthme du Darien, précisément à l’endroit où M. Ferdinand de Lesseps entreprend aujourd’hui de le réaliser. Prodige d’intuition attesté par les historiens du temps et mentionné par Washington Irving lui-même, si digne pourtant d’être lu par l’auteur des Enfants du capitaine Grant[1].

  1. Le même romancier voulant faire du grand aperçu historique ajoute auguralement que « si Vasco de Gama avait précédé Colomb la découverte du Nouveau Monde aurait vraisemhlablement été retardée le plusieurs siécles », puisqu’alors on aurait cherché les Indes à l’est au lieu de les chercher à l’ouest. Il est vrai que le Cap de