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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/290

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

devrait même voir que cela commence déjà. En épousant ou protégeant, comme il le fait, les fureurs démoniaques de son chanoine, ce n’est pas seulement lui qu’il couvre de sa responsabilité suprême, c’est, en même temps, tout ce que ce misérable traîne d’intrigants, de libres penseurs ou de mauvais prêtres… et voilà le châtiment[1] :

Je vais finir par wae prédiction qui réjouira le cœur de l’abbé Sanguineti. Son nom ne périra pas. Il appartient désormais à l’histoire, au même titre que Thersite appartient à l’Iliade et Falstaff à l’épopée Shakespearienne. Christophe Colomb emporte bénignement avec lui dans son immortalité tous ces insectes humains acharnés à le diffamer, comme il emportait les coquillages attachés aux flancs de ses vaisseaux quand il s’en allait annoncer la Croix de son Maître aux peuples inconnus de l’Occident. Le fougueux chanoine sera-t-il heureux de passer à la postérité de cette façon ?

Peut-être. L’orgueil n’est pas très fler et c’est même ce qui le distingue essentiellement de l’humilité. Ce pamphlétaire cst un de ces hommes pour qui la Parole divine est une ennemie et qui vont d’eux-mêmes au rôle célèbre de Barabbas plutôt que de n’être pas « prophètes dans leur pays ». L’Égérie sacerdotale de l’archevêque de Gênes est prophète dans le sien, au même sens : « Dixerunt barabbam. »

Un jour, au plus épais de leurs discordes civiles, les

  1. Hélas ! un Banchero, un Belgrano, un académicien Desimoni, un franc-maçon Neri, un Grassi et d’autres espèces de même aloi ! quels acolytes pour un pasteur du troupeau de Jésus-Christ… Et factus sum illis in parabolam.