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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/306

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

Le fait de la Mission divine de Colomb étant, désormais, sans nul doute aux yeux de tout être pensant, c’était donc un strict devoir pour la France d’en rendre témoignage devant l’Église et devant tous les peuples qu’elle avait trompés. Elle a déjà presque complètement réparé son crime en lui donnant un Historien et le suffrage de presque tous ses Évêques. Pourquoi ne lui donnerait-elle pas encore davantage ?

En raison même des dons extraordinaires qui lui furent départis, la Fille aînée de l’Église est dans cette habitude dangereuse de ne jamais avoir de mesure. On ne sait pas ce qui la pousse, mais elle ne va jamais au médiocre ; ses moindre fautes ressemblent à des attentais ; et on l’a vue, il n’y a pas si longtemps, se reposer d’avoir décapité son aristocratie en conquérant le monde avec sa Canaille. Aujourd’hui, elle est tellement descendue dans l’abjection que les autres peuples, penchés sur le même ablme, commencent à ne plus l’apercevoir, et c’est sans doute pour cette raison qu’on parle tant de la fin du monde !

Mais, « la vérité a besoin de la France, » disait de Maistre. Or, sait-on bien ce que c’est que la Vérité ? C’est simplement la Deuxième Personne divine, d’après son propre témoignage, dans l’Évangile de saint Jean. Dieu lui-même a donc besoin de la France, autant que Dieu puisse avoir besoin de sa créature, et nul ne peut connaître ce besoin, qui est à la mesure de ses Desseins sur le monde entier. C’est pourquoi j’ai dit que cette nation privilégiée est hors de mesure. Les Pilates de la politique peuvent se demander aujourd’hui ce que c’est que la France, comme l’autre Pilate se demandaitce que pouvait bien être la Vérité. C’est un juste retour de