Aller au contenu

Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
APPENDICES

qu’un seul, le plus mauvais, le plus petit de tous, nommé l’Aiguille « el Aguja », continuait sa route vers l’Europe. « Il portait tout le bien de l’Amiral, qui consistait en quatre mille pesos ; et ce fut le premier qui arriva en Castille comme par la permision de Dieu[1] ». Les navires maltraités qui revinrent se réparer à l’Espagnole portaient les gens les plus pauvres, les plus obscurs de ce convoi ; il n’y avait parmi eux qu’un seul hidalgo, le notaire navigateur Rodrigo de Bastidas : « C’était un fort honnête homme[2] », que Bobadilla avait aussi persécuté inhumainement.

« Dans cette terrible journée périrent, sans en excepter un seul, les traîtres, les calomniateurs, les ennemis jurés de Colomb. « Là, dit un historiographe royal, a pris fin François Bobadilla, celui qui avait envoyé l’Amiral et ses frères, les fers aux pieds, sans l’accuser, ni lui donner liou de se défendre ; là prit fin aussi le rebelle François Roldan et quantité de ses complices qui s’étaient soulevés contre les Rois, contro l’Amiral, dont ils avaient mungé le pain, et qui avaient tÿrannisé les Indiens. Là périt aussi le Cacique Guarionex (qui avait opiniâtrement refusé l’Évangile) ; les deux mille pesos furent submergés avec ce grain d’or de grandeur prodigieuse[3]. » Tout fut perdu ; la mer engloutit à la fois avec ces richesses iniques leurs iniques possesseurs, « au nombre de plus de cinq cents hommes[4] ».

« Or, pendant que s’accomplissait ce désastre, l’Amiral,

  1. Herrera, Histoire générale des voyages et conquêtes des Castillans dans les Indes occidentales. décade Ire, liv. V, ch. ii, p. 337.
  2. « Bastidas, hombre bueno y piedoso con lndios. » — Rafael Maria Baralt, Resümen de historia de Venesuela, t. 1, cap. vir, p. 132.
  3. Herrera, Histoire générale des voyages et conquêtes des Castillans dans les Indes occidentales, décade Ire, liv. V, ch. ii.
  4. Ovindo v Valnez, Histoire naturelle et générale des Indes liv. III, ch. ix.