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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/39

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HISTORIQUE DE LA CAUSE

certitude que toutes les révélations divines étaient consommées fut, sans doute, pour un grand nombre d’esprits altiers, une formidable épreuve préliminaire à la tempestueuse expugnation luthérienne. On est forcé de le reconnaître, les deux événements simullanés de la Découverte du Nouveau Monde et de la Renaissance du Monde Antique élaient bien de nature à désorbiter la raison humaine et à faire tourner le lait universitaire des plus orthodoxes doctrines.

Les âmes naïves, il est vrai, trouvèrent très simple que Dieu n’eût pas tout dit aux docteurs et qu’il lui plût de faire des choses nouvelles. Elles jugèrent qu’après tout, il n’y avait pas lieu de désespérer de sa Sagesse parce qu’elle ne s’ajustait pas docilement aux exigences philosophiques de sa créature. Ces âmes furent les clairvoyantes et les inébranlables dans le siècle le plus disloqué de l’histoire et c’est pourelles surtout que Christophe Colomb déclarait avec la hardicsse d’une transcendante simplicité que Dieu l’avait fait « Messager d’une terre nouvelle et de nouveaux cieux ». « Le Seigneur, ajoutait-il, écoute quelquefois les prières de ses servilcurs qui suivent ses préceptes, même dans les chuses qui paraissent impossibles et que l’intelligence ne peut ni concevoir ni atteindre. »

Une chose, entre autres, que l’intelligence humaine ne saurait alteindre avec le raccourci effrayant de sa notion de justice, c’est le mystère de toute une moitié de la race humaine exclue, pendant plus de cinq mille ans, de Loule participation à la vie spirituelle des peuples de l’Ancien Monde. Ce simple fait accable la pensée !

Quel crime sans nom ni mesure avait donc pu néces-