Aller au contenu

Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

aussi terrible défiguration de l’Image de Dieu !…

À ce moment, Simon-Pierre, le Galiléen de Bethzaïde et de Capharnaüm, de pêcheur de poissons devenu pécheur d’hommes, jette son filet sur le monde et renouvelle la pêche miraculeuse, accomplissant ainsi pour Jésus-Christ la magnifique Unité de cette Cité romaine que la Louve d’airain avait allaitée huit cents ans pour le ventre de ses Césars. De Rome, il gouverne l’Église naissante en Asie, en Grèce, en Italie, dans les Gaules et jusque sur les côtes d’Afrique. Il fait deux fois le voyage de Jérusalem, secouant le flambeau partout, résistant aux superbes, confirmant les faibles et ne cessant de répandre ces immorlelles larmes de sa pénitence qui coulèrent trente-quatre ans. Enfin, sous le règne de Néron, premier persécuteur de l’Église, on arrête comme incendiaires de Rome les disciples de Celui qui avait déclaré vouloir « mettre le feu par toute la terre » ; les deux plus grands Apôtres, Pierre et Paul, préfigurés naguère par ces deux Colonnes d’un travail si pur qui décoraient le portique du Saint Temple[1], sont enfermés ensemble durant neuf mois dans la prison Mamertine, au pied du Capitole, et le 29 juin de l’an de grâce 67 ils reçoivent tous deux la couronne du martyre, l’un par le glaive, l’autre par l’ignominieuse croix des esclaves.

Telle l’histcire de Pierre, telle l’histoire entière de la Papauté. Tous les papes sont Barjona, c’est-à-dire fils de la Colombe qui les inspire et par laquelle ils sont véritablement Vicaires de Celui qui voulut être reconnu Fils de Dieu dans la vertu de ce signe. Tous les papes sont ce Pasteur suprême et indéfectible par qui

  1. III Reg. vii, 21.