Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/122

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entrevus par les somnolents bestiaux de la piété contemporaine.

« Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée », entendit un jour la visionnaire sublime de Foligno. Ce naïf mot raconte l’histoire de plusieurs centaines de millions de cœurs.

La religion n’était pas risible alors et la Vie divine aperçue partout était, pour ces simples gens, la chose du monde la plus sérieuse, la plus péremptoire.

Il est parlé dans l’Évangile d’un certain Simon de Cyrène que les Juifs contraignirent à porter la Croix avec Jésus qui succombait sous le fardeau. La tradition nous apprend que c’était un homme pauvre et pitoyable qui voulut, aussitôt après, devenir chrétien pour avoir le droit de pleurer sur lui-même en se souvenant de la Victime dont il avait eu la gloire de partager l’ignominie.

Ne vous semble-t-il pas, comme à moi, qu’un tel adjoint du Rédempteur mortifié est une évidente préfiguration de ce Moyen-Âge plein de potences et de basiliques[1], plein de

  1. Paul Verlaine