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Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/151

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Pour sentir la sublimité de cette scène, il n’est pas inutile de penser à ce que Jésus exprime si profondément quand il parle du « Sein d’Abraham »[1]. Le Patriarche porte en lui Jérusalem, et il prie dans toute la force de la Bénédiction universelle qu’il vient de recevoir, — projetant ainsi cette parabole infinie de prophétiques extases qui commence à lui, et qui, après avoir enjambé toute la pérégrination de Jacob, doit s’achever avec splendeur dans le dernier verset du « Magnificat ».

Sodome est la ville du Secret, et Gomorrhe est la ville de la Rébellion[2]. Elles paraissent représenter deux formes inconnues de l’attentat contre l’Amour, avec une aggravation spéciale pour la première, en faveur de laquelle Abraham intercède particulièrement, comme si le salut des rebelles dépendait du pardon accordé aux clandestins et aux idolâtres.

Marie ne devant parler que six fois dans l’Évangile, Abraham, chargé de figurer l’Intercession de cette Mère des vivants, ne demandera

  1. Luc, XVI, 22 et 23.
  2. Tel est le sens hébraïque de ces deux noms.