Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/165

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qu’au moins le troupeau de l’« Enfant prodigue » ne manquât pas à cet Israël qui avait dissipé sa substance.

Il est, en effet, devenu si complètement ce pasteur !

Les nations chrétiennes renégates, envahies par la lèpre blanche de son sale argent, lui obéissent, et les mercenaires potentats, humblement descendus de leurs vieux trônes, se ventrouillent à ses pieds, dans ses déjections.

Ainsi se trouve accomplie, dans l’absolu de la dérision et du sacrilège, la littérale prophétie du Deutéronome : « Tu prêteras à intérêt à beaucoup de gentils et n’emprunteras d’aucuns. Tu domineras sur plusieurs nations et nul ne dominera sur toi[1] ».

Ce règne de l’argent qui fait sourciller d’indignation le blanc vicaire de Jésus-Christ et qui m’apparaît, — je crois l’avoir beaucoup dit, — comme un insondable arcane, est tellement accepté de la descendance catholique des sublimes désintéressés du Moyen-Âge, que ceux qui rêvent l’humiliation des Juifs sont forcés

  1. Fœnerabis gentibus multis, et ipse a nullo accipies mutuum. Dominaberis nationibus plurimis, et tui nemo dominabitur. XV, 6.