Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/56

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L’impassible Argent, l’exécrable et saint Argent par le moyen duquel Dieu voulut qu’on l’achetât Lui-même comme une pièce de bétail, fut alors investi, pour l’effroi du genre humain, de la Survivance mystérieuse et profondément symbolique dont les enfants de Jacob allaient être les curateurs.

Par le prodige d’un aveuglement qui dépasse toute misère et décourage toute pitié, le plus pâle des métaux remplaça, pour un peuple condamné à durer toujours, le Dieu livide qui expirait entre deux voleurs.

En conséquence, j’estime que c’est l’enfantillage sans innocence d’une émulation mercantile, d’incriminer obstinément cette foule mélancolique pour sa félonie et pour sa cupidité sans bornes. Il vaudrait mieux, sans doute, s’efforcer d’apercevoir, ne fût-ce que dans un sillon d’éclair, à travers la colonne de fumée fétide qui se tient toujours sur son front de guerre, le spectacle prodigieux de son châtiment sans fin.

Je le disais, il n’y a qu’un instant, on a vainement assommé, grillé, pilonné les Juifs, pendant des siècles et sur la superficie de tous les empires. Ils sont forcés par Dieu, invinciblement