Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/76

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nueront de couler à travers les doigts des pédants, aussi longtemps que le cœur humain n’aura pas cessé d’exister ; et c’est une remarque étrange que les Juifs sont, en somme, les témoins les plus fidèles et les conservateurs les plus authentiques de ce candide Moyen-Âge qui les détestait pour l’amour de Dieu et qui voulut tant de fois les exterminer.

J’évoquais, en commençant, le souvenir de ces malpropres et sublimes individus qu’il me fut donné de contempler à Hambourg, — animaux si bien conservés dans leur purin, si intacts, si prodigieusement immaculés de tout ce qui n’était pas la vermine des ascendants ou des proches, que j’eus l’angoisse de me sentir en présence du même troupeau qui faisait vomir les gens nés sous le règne de Philippe Auguste ou de Frédéric Barberousse et disséminés sous la terre ou dans les sillons des cieux, depuis tant de générations qu’ils sont morts en se souvenant de la mort du Christ.

J’entrevis l’énorme grandeur de ces temps lointains où la militante Église qui avait dompté l’univers et dont les pieds d’Immaculée Conception se posaient sur le cou des rois, broyait