Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/89

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demeure, son foyer plein de brandons et d’étincelles, son lit pour naître et pour mourir et, quelquefois, le paradis de ses Saints qui n’imaginaient pas mieux que de pleurer avec la Mère aux Sept Glaives et le Bon Larron, pendant des éternités.

Elles furent et devaient être, en effet, la grande émotion, le poème toujours nouveau, la rédivive péripétie d’un drame toujours angoissant, pour une société naïve où les facultés d’enthousiasme et de dilection flamboyèrent avec une magnificence que les seules fournaises du Paraclet pourront rallumer un jour.

La Pauvreté du Seigneur était sentie merveilleusement par ces tendres foules, et la compassion pour un Dieu si lamentable faisait quelquefois mourir d’autres pauvres qui prenaient volontiers, par-dessus leurs propres misères, tout ce qu’ils pouvaient porter de son fardeau.

Pour mieux souffrir avec lui, ils se serraient contre la Vierge navrée qui tient sur ses genoux — comme sur une croix nouvelle[1], — son grand Fils mort et arrache de sa Tête, avec

  1. Sainte Brigitte, liv. 1, chap. 10.