Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/88

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pris que Jésus est toujours crucifié, toujours saignant, toujours expirant, bafoué par la populace et maudit par Dieu lui-même, conformément au texte précis de l’ancienne Loi : « Celui qui pend au bois est maudit de Dieu[1] ». Comment aurait-il pu ne pas abhorrer les Juifs ?

La Passion était pour lui si contemporaine, si flagrante, le Sang du Christ si tiède encore, si vermeil, et ses oreilles bourdonnaient si fort de la Clameur exécrable !

Ce peuple démoniaque ne hurlait-il pas, s’adressant au Lâche condamné à laver éternellement ses mains homicides : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » ? Il fallait bien le satisfaire, en accomplissant, par la vilipendaison à jamais d’un peuple entier, le pénal verset de ce Testament Nouveau, prophétique autant que l’Ancien dont il fut dit qu’un iota ou un point ne passera pas aussi longtemps que subsisteront le ciel et la terre.

Les souffrances de Jésus furent le pain et le vin du Moyen-Âge, son école primaire et le pinacle sourcilleux de sa clergie. Elles furent sa

  1. Deutéronome, XXI, 23.