Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/100

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sous tous les bourreaux, sous tous les fléaux, parmi les tempêtes des hommes et les tempêtes de la nature, — depuis si longtemps ! C’est la pauvreté, cela, l’immense pauvreté du monde, la totale et universelle pauvreté de Jésus-Christ ! Il faut bien que cela compte et que cela se récupère !

Il y a aussi les prêtres qui ne sont pas du monde, les prêtres pauvres ou les pauvres prêtres, comme on voudra les nommer, qui ne savent pas ce que c’est que de n’être pas un pauvre, n’ayant jamais vu que le Christ crucifié. Pour ceux-là, il n’y a pas de riches ni de pauvres ; il n’y a que des aveugles, en nombre infini, et un petit troupeau de clairvoyants dont ils sont les humbles pasteurs. Ils sont ensemble, comme les Hébreux de Gessen, seuls dans la lumière, au milieu des ténèbres palpables de la vieille Égypte. Quand ils étendent les bras pour prier, l’extrémité de leurs doigts touche les ténèbres.

Autour d’eux, un océan d’âmes « dans la nuit encloses, se sont couchées sous des toits de ténèbres, fugitives de la perpétuelle Providence,