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Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/105

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Il les traita de « bandits » indignes de miséricorde et manifesta son impatience de voir tomber leurs têtes coupables. Cela se passait dans une Basilique fameuse.

À partir du mot bandits, il me fut impossible d’entendre autre chose qu’une voix intérieure, dominatrice implacable :

— Regarde donc à tes pieds, bavard mécanique ; sans clairvoyance ni charité. Si tu le peux encore, aveugle conducteur d’aveugles, regarde ce troupeau à canailles qui t’écoute et qui jouit de l’absolution que tu lui donnes, en flétrissant de ta bouche d’autres canailles plus évidentes et moins respectueuses des lois de l’argent. Tu n’es peut-être pas un bandit toi-même et, pourtant, vois ce que tu fais. Ces têtes qu’on va couper et pour lesquelles ton Dieu a souffert autant que pour la tienne, tu en promets, tu en donnes d’avance le sang à boire à des animaux féroces.

Vois cette dévote à museau de crocodile dont la gueule de médisance a dévoré vingt réputations ; vois cette pénitente à figure d’hyène affamée, cramponnée à tous les