Aller au contenu

Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

confessionnaux, ouvrière d’épouvante et provocatrice de malheur, qui travaille, dix heures par jour, à se confectionner un cilice avec de la corde de pendu ; et cette autre, mangeuse d’innocences et mangeuse d’eucharistie, qui n’a pas d’égale pour flairer les cœurs en putréfaction. Vois cette propriétaire, soularde et omnipotente, mais précieuse et sans couture, qui se pourlèche en songeant à l’agonie des locataires malheureux qui s’exterminent pour son estomac de vautour femelle et pour son boyau culier. Vois ces rangs de mouflons et de tapirs, ces fanons, ces crêtes, ces caroncules de commerçants estimables et recueillis. Mais surtout — oh ! je t’en prie — vois ces vierges de bourgeois, ces jeunes filles du monde aspirant au ciel, dont l’âme blanche est pleine de chiffres et de marchandises restées pour compte jusqu’à ce jour. Élevées avec une attention méticuleuse par leurs parents alignés et immobiles derrière elles, — comme des barriques sur le quai d’un entrepôt — elles n’ont plus rien à apprendre du côté de la pureté ni du côté de l’arithmétique. Il ne leur manque