Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/127

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transatlantique, mais la suite est exactement la même. Des sommes immenses, disent les fouilles, ont été recueillies. Nul ne sait ce qu’elles sont devenues. Cinquante mille corps humains continuent de pourrir sous les décombres, en attendant d’exhaler la peste aux premiers souffles du printemps, et ceux qui survivent crèvent de misère.

La Bergère de la Salette, la prophétesse Mélanie jugeait cela plus effrayant que les catastrophes mêmes. La Dérision de la Charité, la dérision qui donne du pain à ceux qui meurent d’inanition, pour le reprendre avec un éclat de rire, quand ils le portent à leur bouche, la dérision qui tarit les mamelles, qui assassine les moribonds, qui fait de la luxure avec de la douleur, de la volupté sentimentale avec du désespoir !

Quelquefois, cela finit mal. On a vu, il n’y a pas si longtemps, des personnes tout à fait exquises, devenues, en un instant, des torches vivantes et hurlantes, au milieu d’une impraticable fournaise, — des personnes qui « faisaient le bien », a dit un imbécile fameux. Elles