Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/129

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plus magnifique et, pareille à une courtisane superbe, répandra sur elle, avec ses joyaux qui ont perdu tant de condamnés à mort, les fragrances capiteuses qui font oublier la vie.

Rien ne saurait être trop beau, car ce sera le Jour de Dieu — enfin ! — attendu, des milliers d’années, dans les ergastules, dans les bagnes, dans les tombeaux ; le jour de la dérision en retour, de la Dérision grande comme les cieux que le Saint Livre nomme la Subsannation divine. Ce sera la vraie fête de charité, présidée par la Charité en Personne, par le Vagabond redoutable dont il est écrit que nul ne connait ses voies, qui n’a de comptes à rendre à personne et qui va où il lui plaît d’aller. Ce sera tout de bon la fête des pauvres, la fête pour les pauvres, sans attente ni déception. En un clin d’œil, ils recueilleront eux-mêmes, sans intermédiaire, tout ce que les riches peuvent donner en s’amusant et encore bien au delà, prodigieusement et à jamais.

Pour ce qui est de l’incendie qui terminera le gala, il n’y a pas de créature, fût-ce un archange, qui pourrait en dire un seul mot.