Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/143

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à se faire aimer. Tout est pour le mieux. Le propriétaire a les mains nettes, comme un beau Pilate, et son ministre responsable a les mains libres. L’un aura la paix qu’il demande et l’autre les profits éventuels, énormes peut-être, qu’il désire. Bonne affaire pour tous deux.

On juge ce que peuvent devenir les pauvres sous la griffe d’un tel commis. Car il y en a toujours, des pauvres, même sous les apparences de la richesse, et ceux-là, les pauvres meublés et reluisants, ne sont pas à dédaigner. C’est le profitable troupeau où l’astuce d’un bon mercenaire a toujours chance d’abattre aux quatre époques de la tonte, quelque mérinos blessé dans les tournants. Une foudroyante augmentation succédant à des rosseries bien calculées peut procurer ce résultat. Mobilisation de l’huissier, vente à vil prix et rachat sous main des meubles saisis, donnent parfois des bénéfices très-appréciables. Il y a d’autres manigances. Mais il faut la bride sur le cou et la promptitude stratégique d’un homme de guerre.

L’avantage est moindre avec les petits loca-