Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parle d’une armée barbare, d’une horde famélique de 250.000 ouvriers et ouvrières vivant ou essayant de vivre, à Paris seulement, du travail à domicile, travail des Hébreux en Égypte représentant pour l’exploiteur des bénéfices pouvant aller de mille à dix-huit cents pour cent[1].

Qu’on multiplie tant qu’on voudra ces chiffres usuraires, déjà diaboliques, on arrivera, si c’est possible, à une quasi-proportion de la richesse à la pauvreté. Cent mille pauvres suffisent-ils pour faire un seul riche ? C’est une question en

  1. Ce livre n’étant pas un ouvrage de documentation, un seul exemple me dispensera d’une infinité d’autres. M. Georges Mény, dans son livre : Le Travail à bon marché, a établi comme suit le prix de revient d’une douzaine de chapeaux de femme vendus 4 fr. 80 la pièce :
    Salaire de l’ouvrière pour la douzaine 2 fr.40
    Gain de l’entrepreneuse 0 fr.80
    Formes 3 fr.00
    Garnitures 4 fr.75
    Fleurs 3 fr.45
    Total 14 fr.40

    Ces douze chapeaux seront vendus ensemble 57 fr. 60. La société qui les lance et les grands magasins qui les vendent gagneront donc 43 fr. 20, pendant que l’ouvrière aura gagné 2 fr. 40 !!!