Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pauvres instruments, sous les hautes fenêtres d’un immense atelier de compassion.

Qu’il chante la peine du Peuple errant, les tourments d’enfer de la fabrique homicide, la plainte si douloureuse de la pauvre fille séduite : « Te rappelles-tu le soir où tu m’as déshonorée ? » ou l’éternelle beauté de la nature aimable et terrible, — je le vois toujours sculptant, avec fatigue, un bois très-dur qui n’est peut-être pas celui qu’il faudrait, au moyen d’on ne sait quel humble couteau qu’il aiguise, vingt fois par jour, sur la meule inusable des cœurs sans pitié. Cela ne va pas toujours comme il voudrait. Ce bois est pareil à du fer et l’outil s’ébrèche parfois sur quelque nœud invincible et imprévu qui dérange la composition. Puis le naïf artiste privé de méthode ne sait pas toujours à quoi l’engage telle ou telle figure commencée. Alors le couteau grince avec fureur et la difficulté lui devient une occasion de trouvailles qui font frémir.

Quelle que soit la variété de son œuvre, on a tout dit de Rosenfeld, quand on l’a nommé