Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/47

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aux malheureux qu’elle attise, ira, ce soir, montrer tout ce qu’elle pourra de sa blanche viande à sépulcre où frémissent des bijoux pareils à des vers et la faire adorer à des imbéciles, en des fêtes prétendues de charité, à l’occasion de quelque sinistre, pour engraisser un peu plus les requins ou les naufrageurs. La richesse dite chrétienne éjaculant sur la misère !

Dieu souffre tout cela jusqu’à ce soir, qui pourrait être le « Grand Soir », comme disent les nourrissons de l’Anarchie. Cependant il fait jour encore. Il n’est que trois heures, c’est l’heure de l’Immolation du Pauvre. Les esclaves des mines et des usines travaillent encore. Des millions de bras agissent péniblement sur toute la terre pour la jouissance de quelques hommes et les millions d’âmes, étouffées par l’angoisse de ce labeur, continuent à ne pas savoir qu’il y a un Dieu pour bénir ceux qui les écrasent : le Dieu des luxures et des élégances, dont « le joug est suave et le fardeau si léger » pour les oppresseurs.

C’est vrai qu’il y a des refuges : l’ivrognerie,