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Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/56

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Il serait peut-être effrayant de parler des vins. « Le vin réjouit le cœur », est-il écrit, mais non pas les vins, parce que le pluriel, en général, afflige au contraire le cœur de l’homme. Le Vin est un roi qui ne partage pas. Il est le Sang du Fils de Dieu, le Sang du Pauvre, comme l’Argent et d’une manière plus manifeste. Il ne faut donc pas qu’il y en ait plusieurs. Quand on en est rempli, on est plus grand que les astres et on se cogne à la voie lactée. « La vérité est en lui », par conséquent les belles colères, les indignations immenses qui rompent les digues, la sainte force qui assiège les donjons des cieux.

Le vin est « généreux » et il fait « voir Dieu quand il est pur ». Les vins sont impurs, dégradants pour l’énergie, désastreux pour la colère. Alexandre devait avoir bu plusieurs vins quand il tua Clitus pour en mourir de tristesse en perdant tous ses empires. C’est le choix du monde, le choix du riche, naturellement ennemi de l’unité, comme de la grandeur, de la beauté ou de la bonté. Les voyez-vous, ces réprouvés, avec leurs gammes de verres, buvant tour à