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les dernières colonnes de l’église

très-belles illustrations de Steinlen. Ces images m’ont beaucoup aidé. L’obstination extraordinaire de cet artiste à reproduire, à chaque instant, la plus lamentable face, m’a forcé de me souvenir étrangement de l’Homme de douleurs et d’ignominies qui sauve le monde.

Et j’ai compris, seulement alors, — étant d’intuition bovine et de discernement tardigrade — la malice ou la béotie d’un Belge très-pieux qui me disait, il y a trois ans : « Votre Rictus est un blasphémateur et un sacrilège qui a la prétention de ressembler trait pour trait à Notre Seigneur Jésus-Christ. » Cet enfant de la Meuse ou de la Dyle était persuadé et voulait surtout persuader aux autres que le poète du Revenant « la faisait au Rédempteur » et qu’ainsi s’expliquaient ses succès à Montmartre, où l’on sait combien les personnes sont assoiffées de rédemption. Pauvres succès d’un très-pauvre grand poète, réduit, chaque soir, à dire ses vers dans un cabaret, devant des consommateurs, pour gagner son pain ! Ses vers, dont quelques-uns