qui était Dieu fut égorgé, avec cette différence à faire sangloter les morts, qu’il n’est pas un innocent. Mais la pauvre femme n’a pas besoin de savoir. L’horrible monde bourgeois qui tue les enfants des mères, durât-il encore des mille ans et lui fallût-il vivre jusque-là, elle viendrait toujours à ce cimetière de malédiction et d’infamie pour consoler au fond de la terre son premier-né, son dernier-né, son nouveau-né, l’enfant de ses entrailles désolées de vieille mère dont la justice des hommes a fait un berceau d’éternité silencieuse.
Ah ! le plus dur de sa peine est assurément dans ces vers que je n’osais pas citer :
T’étais si doux… et pis… si beau…
A caus’ que moi j’ t’avais nourri.
Ce dernier vers ne semble rien et il n’est peut-être pas grand’chose, mais, qu’on y prenne garde ! le poète l’a écrit dans sa maison, l’affligé poète réduit à chercher sa propre mère dans le fantôme de cette malheureuse devenue ainsi deux fois la mère du condamné, du supplicié, de