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le révérend père judas

de chastes conseils, l’obéissant Prêcheur écrivit avec frénésie.

C’était une autre manière de patrociner, sans la ressource, il est vrai, de la gesticulation et du gueuloir, mais avec le formidable renfort d’une de ces médiocrités absolues, compactes, indéfectibles, que le giron seul des Académies peut récompenser et dont la platitude contemporaine est si joyeuse de se prévaloir.

Admirateur pantelant de Taine, de Renan, de Dumas fils, de monsieur Ledrain (!) et de plusieurs autres pédants infâmes qu’il croit évidemment de fort grands artistes et de hauts penseurs, il s’avisa que le comble de la finesse pour un apologiste chrétien consisterait à leur carotter leurs idées et leurs procédés.

Il se fit à lui-même cette confidence que la simple foi des martyrs et des confesseurs était décidément une vieille blague indigne de l’attention d’un robuste moine et qu’il était, en somme, étonnant qu’aucun prêtre catholique n’eût sérieusement entrepris de laïciser l’Évangile.