Page:Bloy - Les Dernières Colonnes de l’Église, Mercure de France, 1903.djvu/86

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
les dernières colonnes de l’église

de sa clique ayant été d’écrire à la manière des cochons, Huysmans, un jour, rêva d’écrire à la manière des hommes et se sépara, non sans quelque fierté, mais n’ayant pas de quoi soutenir son rôle, il ne put atteindre au style désenchaîné, se noya dans le Rubicon et resta naturaliste réfractaire.

De là le manque absolu de générosité d’esprit qui fait partie de la célébrité de cet écrivain. De là aussi, très-certainement, cette haine carthaginoise du lyrisme, de la mélodie dans le discours, qui est sa marque indélébile. Quand une phrase pourrait finir avec éloquence, Huysmans la mutile tout à coup, lui coupe la queue méchamment, perversement, avec des cisailles grinçantes et ébréchées, de même qu’un barbare ou un méchant garçon qui détruirait à plaisir une belle chose.

Il paraît être l’inventeur d’une sorte d’inversion germanique ou d’enjambement qui lance le régime à l’extrémité de la proposition ou même de la période, ainsi qu’un paquet, par-dessus