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sueur de sang

mieux cette espèce de réprobation qu’on supposait leur demeure infectée de l’abominable mal qui avait dû pénétrer jusqu’aux vieilles pierres.

Voici, maintenant, — tel, du moins, que me le racontèrent les paysans — l’événement horriblement simple qui s’accomplit en cet endroit.

Trois uhlans, sans doute chargés d’observer ce coin de forêt, arrivèrent le soir d’un des derniers jours de janvier, à la porte de la Domerie.

L’un d’eux ayant failli tomber avec son cheval dans l’étrange puits sans margelle béant à quelques pas du seuil, les estafiers, jusqu’alors imperméables à l’influence du lieu, parurent s’assombrir et regardant autour d’eux avec inquiétude, se consultèrent.

À la fin, le plus intrépide, haussant les épaules, mit pied à terre et, s’armant de son revolver, frappa violemment à coups de bottes. Presque aussitôt, la vieille femme apparut, encadrée de noir, éclairée vaguement par le crépuscule. Dans le même instant, le petit chien s’élançait en jappant de sa voix d’insecte. L’arrivant déjà énervé, beaucoup plus qu’il ne convenait à un fier soldat, l’envoya rouler à moitié crevé, le long du mur.

La vieille, impassible, alla ramasser le pauvre être gémissant et introduisit les étrangers, à la lueur d’une bougie apportée par sa compagne. Elle n’avait pas répondu un seul mot à leurs insolentes