Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/139

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rement ami de tout le monde, excepté des malheureux, il condescend à souffrir que d’innombrables individus trempent quotidiennement leurs mains dans les siennes, et ce n’est pas sans une certaine noblesse de fils de ses propres œuvres que parfois, il narre ses commencements amers.

— Ah ! ce n’était pas toujours drôle, mes enfants, quand on travaillait dans le soldat. Il fallait mettre la main à la pâte et payer souvent de sa personne. Heureusement que ma chère sainte femme, aujourd’hui défunte, était là pour me seconder. En voilà une qui doit avoir une belle couronne dans le ciel ! etc.

Comme il passe pour avoir le billet de vingt-cinq assez facile, on l’écoute naturellement avec respect.

À la longue, il est devenu spirite, puis occultiste, et, depuis quelque temps, il nage dans l’ésotérisme le plus abondant. Son premier initiateur, un mage chaldéen de la langue d’oc, en profita pour lui soutirer d’assez fortes sommes qui représentaient, ô Seigneur ! combien de soupirs ?

Cette expérience douloureuse, loin de le calmer, paraît avoir enflammé son zèle, car il sait le moyen d’égarer la vigilance des dragons du haut grimoire et, moins que jamais, il désespère d’arriver à la captation de la Clavicule et de quelques autres arcanes.

Voici maintenant l’origine vraie de l’opulence de cette crapule. Je transcris de mémoire le récit d’un pauvre diable qui le reconnut un jour, dans