Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/164

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a des blessés allemands. C’est toujours ça de sauvé. Mais on s’amusera tout de même chez eux et ils écoperont, c’est infiniment probable, autant que puissent écoper des gens qui ne vivent pas dans la lune.

Puisqu’ils tiennent absolument à être les amis der Preuszen, il faut qu’ils le prouvent, Gottestod. Or, Messieurs les Prussiens ont combattu toute la journée pour l’Allemagne, pour leur Empereur plein de saucisses et pour l’Évangile de leur Empereur. Il est vraiment juste qu’ils aient un peu de bon temps.

Les bourgeois donneront leur argent, leur argenterie, leurs bijoux, leur linge, la peau de leurs femmes, de leurs aïeules, de leurs filles, de leurs cochons et leur propre peau, s’ils bronchent ou récalcitrent. C’est comme ça. Les petits cadeaux entretiennent l’amitié.

Je demande pardon pour ce qui va suivre, aux impressionnables lecteurs. Mais, en ma qualité d’historien anecdotique, je suis forcé de marcher. Je tâcherai, d’ailleurs, que ce soit le plus rapidement possible.

Il ne s’écoula pas beaucoup de minutes avant que le colonel fût informé de la présence d’une infirmerie non garantie par le drapeau international et ne contenant absolument que des blessés français, ceux-là mêmes qu’on avait descendus le matin.

Ce chef irascible, au comble de la fureur, em-