Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/225

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Ah ! s’il en avait eu l’autorité ou l’audace, le petit sergent frais émoulu, sorti pour la première fois de la maison de son père, il y avait quatre mois à peine, et rempli des traditions fantasmagoriques de la cour martiale, s’il avait osé, quelle danse pour les marsupiaux !

Ils eussent été sans doute plus gracieux pour les Prussiens qui n’y mettaient pas tant de façons et qui avaient d’infaillibles secrets pour se faire bien venir des cultivateurs et des bourgeois.

Depuis le commencement de l’abominable campagne qui s’est appelée si drôlement la guerre de résistance, on savait pourtant à quoi s’en tenir, bon Dieu ! et les chefs mâles — quand il s’en trouvait — auraient bien dû ne pas laisser échapper toutes les occasions de se servir du pouvoir discrétionnaire que leur conférait la Débâcle portative que les généraux, à tour de rôle, promenèrent six mois, dans les deux tiers de la France, comme un Saint-Sacrement de catalepsie et de reculade.

Les paysans, naïvement lâches et fangeusement égoïstes, impénétrables au sentiment de la Patrie et tout à fait étrangers à l’idée de Race, ne virent, en somme, dans la guerre, qu’un funeste coup du sort, une guigne noire qu’il s’agissait de conjurer, chacun pour soi, par toutes les crapuleries et les manigances.