Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/230

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vants et, pendant quelques instants, le sous-officier laissé sans ordres précis, supposant naturellement une colonne ennemie et ne sachant quel parti prendre au milieu de son monde saisi d’effroi, connut les plus noires affres de l’anxiété.

Mais bientôt ce trouble fit place à des sentiments joyeux quand la colonne, s’arrêtant à un kilomètre environ, et les unités qui la composaient se déployant en bivac au milieu des champs, de l’un et l’autre côté de la route, on put reconnaître aisément les rassurantes jupes de nos zouaves.

Le sergent, délicieusement allégé, prit alors le parti d’essayer de dormir une heure ou deux dans la paille.

Il ne dormit certes pas une heure. Il en était bien certain, ayant tenu, un peu plus tard, à s’en assurer exactement.

— Salop de sergent ! propre à rien ! crapule ! canaille ! assassin ! le conseil de guerre ! etc. Telles furent les paroles aimables qui le tirèrent violemment de son sommeil, en même temps qu’une main ferme le secouait avec frénésie.

À l’instant sur pied, il reconnut en l’excitateur un non moindre personnage que le fermier qui vociférait en l’injuriant, les yeux hors de la tête, et paraissant possédé de plusieurs démons.

— Ah ! çà, vieux drôle, cria-t-il à son tour,