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Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/238

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Nul, que je sache, n’a pu dire ou n’a osé dire, jusqu’à ce jour, la vérité sur cette entrevue sans pareille où se consomma — très probablement à l’insu de l’un et de l’autre personnage — l’un des plus immenses faits de l’histoire.

Je m’embarrasse peu du récit que donne Bismarck dans l’officiel rapport au roi, ci-dessus mentionné. J’estime qu’il est plus sûr de deviner que de voir, et que tel ou tel familier de l’Absolu est infiniment plus digne d’être écouté que les acteurs mêmes ou les témoins immédiats, lorsqu’il s’agit d’éclairer, — pour l’honneur de Dieu — d’aussi confondantes péripéties.

Napoléon III, d’ailleurs, n’a jamais parlé, et nous n’avons d’autre témoignage que celui du Chancelier qui s’est glorifié lui-même d’avoir soutenu, vingt ans, le plus effroyable de tous les mensonges, pour que parussent exterminées avec justice les trois ou quatre cent mille victimes de son ambition de fléau divin.

Ce témoignage, cependant, n’a trouvé ni incrédules ni contradicteurs. L’étonnante grossièreté d’âme de Bismarck devait naturellement accréditer sa déposition et la multitude fut trop heureuse qu’un individu qui lui ressemblait la délivrât, aussi platement, du traquenard de la Beauté supérieure et des affres de la Vérité profonde.