Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/254

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autant qu’un Dieu, il le suivait comme un chien, déterminé à tout avaler et à tout souffrir. L’autre, ayant besoin d’un auxiliaire, l’avait choisi sans délibérer, le sachant absolument sûr et aussi solide que lui-même.

Le détachement, déjà loin, battait en retraite vers Saint-Michel et Connerré.

Comment ces aventuriers avaient-ils pu se travestir et pourquoi ces vaches ? On apercevait vaguement au delà des arbres, dans la direction du château des Loges, une lueur qui ressemblait à un incendie et cela pouvait bien être la ferme de quelqu’un des exportateurs de bestiaux ci-dessus mentionnés. Puisqu’on marchait tout seul maintenant, on ferait soi-même la justice, comme on croirait devoir la faire et ceux qui ne seraient pas contents n’auraient qu’à le dire.

Voici Saint-Calais. Wer da ! On s’abouche avec la sentinelle, puis on parlemente successivement avec la grand’garde, l’avant-poste, le poste, le contre-poste. Après maintes explications qui épaississent les ténèbres, on est envoyé sous escorte à l’officier bafouilleur de la Proviant-Mandschaft qui prend livraison des bêtes et donne un récépissé torcheculatif à peu près aussi négociable que le parfum de ses pieds. Mais enfin, on est en règle et on a la permission de coucher en ville.

Les deux hommes arrivent dans une rue sombre et s’arrêtent devant une maison close, d’aspect si-