Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/260

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et fort exercée, cela n’alla pas aussi bien qu’avant et les cris de mort furent entendus de quelques passants épouvantés qui portèrent au quartier la foudroyante nouvelle qu’on égorgeait là des soldats allemands.

L’heure était venue. Un poste entier accourut au pas de charge. Mais il fut arrêté par une vieille porte massive et lamée de fer qu’il ne fallait pas songer à démolir en une seconde. Les soldats en reçurent l’ordre pourtant. Ils avaient à peine commencé leur inutile vacarme que les deux corps fraîchement tués de leurs camarades tombèrent sur eux, lancés du premier étage. En même temps apparaissait à la fenêtre la redoutable gueule de Léonard.

— Voilà vos charognes ! beugla-t-il. J’en ai trente comme ça dans le fond de mon puits. Allez dire à votre général que je suis un maquereau et que je l’emm…!

On dut faire le siège de cette maison défendue par deux hommes et quatre femmes, dont une mourante. Et ce siège fut une épopée digne des rhapsodes !

L’ex-franc-tireur avait gardé soigneusement les armes de ses victimes, les revolvers surtout, avec les cartouches en assez grand nombre, et les coups tirés dans la masse des assaillants, par les assiégés des deux sexes, portaient admirablement.

Il fallut en venir au canon pour ouvrir une maison prétendue de tolérance — chose prodigieuse