Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/324

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spéculaire, infiniment actuelle et précise des événements épiques racontés par eux.

Il se croyait positivement à Rhodes où ses ancêtres avaient surtout combattu, et c’était lui-même qui avait imposé le nom de cette forteresse clarissime à son lamentable donjon croulant.

Il ne s’évadait ordinairement de ses livres que pour aller à l’église du village, non qu’il fût dévot, mais parce que c’était l’unique lieu de la terre où la grandeur de sa Race fût attestée d’une manière appréciable.

Impossible d’imaginer un sanctuaire plus délabré, plus en détresse, plus touchant, plus à l’image du château voisin dont il reflétait la décadence.

C’était un antique giron paroissial du temps des Karolingiens, autrefois roman, que de rudimentaires constructeurs avaient essayé, vers la fin du quinzième siècle, de faire flamboyer.

Cette petite maison de prière, mangée, pulvérisée grain à grain, par toutes les bêtes à bon Dieu, griffée par les lierres, verdie par les moisissures, où de frustes Bienheureux, nichés dans l’ombre, contemplaient, depuis des siècles, un Christ barbare souillé par les hirondelles, offrait d’abord à l’admiration du visiteur un tombeau véritablement colossal qui l’emplissait à moitié.

Sous cette masse de granit sombre gisait Très