à mesure que tombaient ses dents ou ses cheveux.
Mon Dieu ! ce n’était peut-être pas un saint. Qui donc est saint dans le département de la Sarthe ? Les descendants de la race guerrière des Cénomans autrefois vainqueurs de l’Italie sous Bellovèse et que le lieutenant de César et César lui-même eurent tant de peine à dompter ne sont pas du tout un peuple facile à coiffer du nimbe. L’enthousiasme religieux ou simplement militaire n’est pas leur pente et l’abbé Courtemanche était Manceau, sinon Mamertin.
Digne prêtre au demeurant, charitable et sans orgueil, vigilant et assidu aux devoirs de son ministère, mais peu combustible.
Retiré dans sa très pauvre demeure, à peine plus grande que l’habitacle d’un colimaçon quand il ne vaquait pas à son troupeau, sa joie la plus vive consistait à classer amoureusement des coquillages fossiles de la période tertiaire, des schistes argileux ou micacés, des éclats de porphyre et des lamelles de feldspath, sans préjudice des simples cailloux et des minerais les plus humbles.
Il jouissait par là d’une solide réputation de géologue qui s’étendait jusqu’au chef-lieu du canton, et il avait eu la gloire d’être consulté plusieurs fois par l’Ingénieur des Ponts et Chaussées.
Toutefois cette innocente manie lui faisait oublier si peu son caractère, qu’un jour il avait vendu quelques pièces rares de sa collection, parmi lesquelles un merveilleux poudingue de quartz