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noël prussien

Maintenant, la nécessité de l’acceptation s’imposait. Rapidement, il évoqua tous les supplices inventés par la rage des sectaires, s’efforçant d’évaluer, au petit bonheur, le degré de force qu’il lui faudrait pour les supporter avec constance…

Le respect de la vérité me force d’ajouter, hélas ! qu’en cette grande tribulation, le pauvre pasteur ne pensa pas exclusivement à son troupeau, mais qu’il jeta des regards navrés, des regards pleins d’une désolation excessive, sur les richesses géologiques entassées autour de lui et qui deviendraient infailliblement la proie des barbares.

Cette dernière crainte était d’autant mieux fondée que les visiteurs, paralytiques et muets eux-mêmes, laissaient paraître une stupéfaction qui pouvait passer, en effet, pour la convoitise la plus excitée.

Insolitement désemparés de leur arrogance, ils contemplaient, du seuil, ce petit vieillard au visage d’enfant, ce Deucalion ecclésiastique monstrueusement environné d’un si grand nombre de pierres qu’il n’en aurait pas fallu davantage, semblait-il, pour le renouvellement de la race humaine anéantie par les déluges ou les exterminations militaires.

À la fin, pourtant, le plus considérable des deux, un superbe colonel d’infanterie bavaroise, se décida :