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Page:Blum - En lisant, 1906.djvu/26

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ses »... L’amertume de ces négations désolées, cet appétit infatigable, et constamment déçu, de paix et de jouissance, de plus simples l’ont apaisé par la religion commune. C’est bien par une religion, mais qui lui fût propre, que M. Barrès a voulu calmer l’angoisse infatigable de ses désirs.

Sur la colline de Vaudement, qui domine le pays lorrain, il s’est bâti comme une cellule d’ermite. Il s’est reposé dans la solitude ; il s’est consolé par une foi, ou plutôt par la pratique régulière d’une liturgie. Le « régionalisme », le « culte des morts » ne sont que les exercices spirituels qui ont rendu la paix à cette imagination magnifique et déchirée. Mais un tel drame est celui d’une seule conscience, non pas d’une génération, encore moins d’une nation ou d’une race. Pour aboutir à la religion finale de M. Barrés, il faudrait d’abord avoir embrassé le monde avec la même ardeur méfiante et calculatrice, il faudrait avoir trouvé dans l’action les mômes déceptions dégoûtées ; et son nihilisme lyrique n’est qu’à lui seul. Il faudrait avoir considéré l’existence comme un « tumulte insensé », avant d’éprouver le besoin de lui apporter, du dehors, une explication toute faite. Si notre vie avait, par elle-même, un sens, et notre activité une durée, il serait inutile de la faire dériver de nos pères et de la prolonger dans nos enfants. Toute la doctrine positive de M. Barrés n’est donc que le contrepoids d’une négation pessimiste et lyrique qui lui est propre. C’est pourquoi, et bien que cette constatation n’agrée point aux jeunes