Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/131

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la guerre. Nous ne pensons même pas comme nos ancêtres de 1792 ou de 1848 que la guerre puisse avoir une vertu libératrice et révolutionnaire. Il y a bien des années qu’un grand homme qui s’appelait Jaurès nous a détournés de cette illusion, et il y a quelque chose qui nous en a définitivement guéris, et ce quelque chose c’est la guerre.

Il ne faut pas supposer un instant, car ce serait une hypothèse absurde, que nous pensions aujourd’hui à pousser ce pays dans des positions belliqueuses, par esprit de haine ou de représailles, pour venger des camarades persécutés ou dans l’espoir de détruire tel ou tel régime.

Nous voulons la paix avec tous ; nous voulons travailler à la paix avec toutes les nations de bonne volonté et nous excluons entièrement l’idée de la guerre de propagande, l’idée de la guerre de représailles.

Cela, c’est certain, mais est-ce qu’il n’est pas cependant naturel qu’une nation se sente des affinités particulières et soit par conséquent encline à des amitiés particulières avec les nations qui, comme elle, sont passionnément attachées à la liberté, — liberté publique, liberté civique, liberté personnelle, — qui sont résolues à les défendre sur leur sol ? Est-ce qu’il n’est pas naturel que la même affinité et la même amitié se retrouvent entre des nations qui sont possédées du même idéal de justice sociale ? Est-ce qu’il n’est pas naturel qu’il y ait ces liens d’amitié entre les nations qui dans la même lutte commune avec nous ont recouvré ou ont consolidé leur indépendance ?

Je crois que cela est légitime et qu’exprimer cette pensée c’est constater une simple vérité de fait et non pas prononcer des paroles imprudentes ou provocatrices.

Eh bien, toutes ces raisons d’affinité et d’amitié, elles existent entre vous et nous. Vous savez, je crois, qu’entre nations on est soumis aux mêmes