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Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/151

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n’est sorti de leur bouche une parole animée d’un autre esprit.

Cette conception de la paix se déduit de la doctrine démocratique, mais elle résiste aux attaques du réalisme, car l’expérience la vérifie elle aussi. L’histoire montre qu’une paix réelle et stable ne peut reposer ni sur l’injustice, ni sur l’égoïsme. La considération de l’état présent du monde persuade tout observateur sincère que la seule paix réelle et stable est la paix générale, que les seules solutions viables des problèmes européens sont des règlements d’ensemble. La paix doit être générale parce que la guerre serait générale, parce qu’il n’y a pas un seul conflit armé dans l’Europe actuelle qu’on pourrait se flatter de limiter ou de cantonner. C’est cette conviction que le gouvernement exprime quand il parle de sécurité collective et de paix indivisible. C’est cette conviction qui se joint en lui au sentiment de l’honneur quand il affirme sa fidélité aux engagements pris, aux contrats signés, aux pactes conclus et quand il manifeste en même temps son ferme dessein de les étendre jusqu’à une organisation universelle des peuples unis par la paix dans une commune prospérité.

Cette volonté de paix est pour la nation française un sentiment unanime. Il existe assurément en France des divisions civiques. Ce n’est pas la liberté qui les engendre, car elles résultent des oppositions de pensée et des antagonismes d’intérêts. La liberté en permet seulement l’expression. Elle permet aussi de tirer de leur jeu un élément de vie et de progrès. Il y a en France des doctrines et des partis qui s’affrontent. La France y voit un principe de force et non de faiblesse. Mais, aussi bien qu’elle est unanime à vouloir la paix, elle se trouverait unanime demain, comme à toutes les