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Au Sénat, la loi monétaire rencontra une assez vive opposition, fondée surtout sur des considérations de politique intérieure. Dans son intervention, à la séance du 30 septembre, Léon Blum répondit sur le même terrain, donnant des explications aussi franches que complètes :

Messieurs,

Je voudrais d’abord m’excuser auprès du Sénat si j’ai reculé jusqu’à cet article les explications que je lui devais et qui seront, il le comprendra, des explications d’ordre politique. Il ne saurait s’en étonner ; il en sera encore moins surpris, après le vote qu’il a émis tout à l’heure sur l’article premier du projet de loi[1].

Je ne me dissimule pas, messieurs, le sens de ce scrutin. Votre assemblée était en réalité, cela a été dit à plusieurs reprises à la tribune, et cela résulte de l’évidence des choses, en face d’une opération déjà accomplie, déjà irrévocable. Et il en est fatalement ainsi, car aucun Gouvernement ne peut préparer une opération d’alignement monétaire autrement que dans le secret, dans un secret qu’il s’efforce de rendre impénétrable. Et à partir du moment où ce secret est rompu, à partir du moment où la première parole publique est prononcée, l’opération est déjà faite. Il suffit d’avoir parlé, en telle matière, pour avoir agi. Je l’ai dit à la Chambre : il est, il serait très facile de renverser ce Gouvernement ; il serait très difficile, presque impossible, de revenir sur ce qui a été fait.

  1. L’article premier avait été voté par 137 voix contre 127.