Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/265

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optimiste ; et je sais qu’en disant cela, je réponds à vos pensées et à vos vœux.

Cependant, je ne suis pas sans me rendre compte que l’existence et la durée du Gouvernement de Front Populaire à direction socialiste placent la presse socialiste dans une situation qui, parfois, n’est pas sans difficulté.

Je sais ce que c’est qu’un journal. Je commence à savoir aussi ce que c’est qu’un Gouvernement. La presse socialiste, comme le parti socialiste, doit garder, vis-à-vis du Gouvernement actuel, son indépendance.

En participant à un Gouvernement, un parti n’aliène pas sa liberté et la presse qui en est l’expression ne l’aliène pas davantage. Et, cependant, vous avez tous le sentiment qu’en dépit de cette indépendance, je ne dis pas théorique du tout, au contraire, en dépit de cette indépendance nécessaire, il y a une solidarité inévitable entre chacun de vous et ceux de vos camarades que vous avez délégués au Gouvernement.

Et, les difficultés de la presse socialiste, celles qui se posent pour le Populaire, devenu l’un des plus grands journaux de France, comme elles se posent pour chacun de vos quotidiens de province et de vos hebdomadaires régionaux, c’est de concilier chaque jour cette indépendance et cette solidarité nécessaires.

Et ce double devoir qu’il faut que vous conciliiez, qu’il faut que chacun de vous concilie, eh bien, il a sa correspondance dans le double devoir qui s’impose aussi aux camarades que vous avez délégués au Gouvernement. C’est si nous en avons également conscience les uns et les autres, que notre tâche aux uns et aux autres sera rendue plus facile, ou même, sera rendue possible.