Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/266

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Nous sommes des ministres socialistes désignés et délégués par leur parti, collaborant à un gouvernement de Front Populaire et assumant la direction de ce Gouvernement. Notre programme, vous le savez, Paul Faure vous l’a rappelé, ne peut pas être le programme de notre parti, ne peut pas être le programme d’action commune qui avait été arrêté entre les partis prolétariens : c’est le programme du Rassemblement Populaire. Et, d’autre part, outre que nous sommes le Gouvernement du Front Populaire, et non pas un Gouvernement socialiste, nous sommes aussi le Gouvernement de la France ; c’est-à-dire que nous assumons par la force des choses des devoirs qui incombent à tout Gouvernement quel qu’il soit et qu’il y a un certain nombre de grands intérêts collectifs que nous sommes tenus de gérer et nous acceptons pleinement le devoir de les gérer. Voilà notre devoir comme ministres.

Mais nous sommes tous restés des socialistes, vous le savez bien. Nous n’avons pas changé parce que nous sommes au Gouvernement. Nous ne changerons pas, si longtemps que ce Gouvernement doive durer.

Comme socialistes, nous n’avons pas à subordonner les intérêts collectifs dont nous avons la charge aux intérêts de notre parti, mais nous avons à nous conduire de telle sorte que, quel que soit le moment où l’existence du Gouvernement se termine, nous laissions le Parti plus fort que nous ne l’avions trouvé et ayant conservé et accru, non seulement sa force matérielle d’organisation, mais sa dignité et son honneur de Parti.

Eh bien, chacun de nous en a le sentiment très fort, si nous arrivons, nous membres du Gouvernement, à concilier ce double devoir par nos actes, nous rendrons précisément plus facile cette double obligation qui pèse sur vous, membres et représentants de la presse socialiste.