Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Jeannette insouciante par nature s’abandonnait à ses pensées, souriant à sa propre malice.

— Comment le trouves-tu ? demanda-t-elle.

— Qui ? fit Marie-Anna surprise.

— Henri Chesnaye ?

— Oh voyons, Jeannette ! Je connais Henri depuis que je suis au monde ! Pourquoi me demandes-tu cela ?

— Ne fais donc pas l’étonnée, ma belle ! Tu le sais bien, pourquoi…

Marie-Anna releva la tête et sourit enfin déridée.

— Je te comprends, avoua-t-elle. Tu me laisses entendre que je ne devrais pas tant parler de mon isolement alors que je possède un ami d’enfance, un bon, un vrai ami… Ne ris pas, Jeannette ; je devine ce que tu penses. Tu as remarqué comme moi les attentions qu’Henri me porte depuis qu’il a quitté les Grandes-Piles et que nous ne nous voyons plus que rarement. J’avais cru tout d’abord que notre vieille amitié de quinze ans s’était encore accrue par la distance qui nous tenait éloignés l’un de l’autre, par ses absences prolongées à Québec et à Lévis… Je me trompais. On dit que l’amitié a ses illusions et se crée des chi-