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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

mes sont le vrai langage de l’amour. Jacques dut être bien heureux en lisant la réponse de Marie-Anna.

— Je viens te chercher, chère ; dit Jeannette un samedi matin en entrant chez son amie. Je vais à Québec avec ma tante Manceau. Viens, nous profiterons de l’occasion pour magasiner.

Marie-Anna courut informer sa mère et revint bientôt prête, les épaules protégées par une jolie fourrure sombre. La neige couvrait la province et le froid sévissait dans toute la rigueur des hivers canadiens.

Jeannette avait remarqué un changement dans le caractère de son amie. Certes elle connaissait ou soupçonnait l’inclination de Villodin alors qu’il habitait encore aux Piles mais accoutumée de longue date à voir Marie-Anna réservée, toujours distante des tentations, elle avait d’abord supposé que Villodin emportait en France un amour non partagé.

Grâce à sa finesse, Jeannette entrevit bientôt la vérité. La tristesse de Marie-Anna déchira un peu le voile ; ses réticences, des sautes brusques d’humeur, passant de l’ennui à l’attendrissement