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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

sentiments, à chercher la source de cette indifférence. Au reste, ce n’était qu’une sorte d’instinct natif qui retenait Marie-Anna distante des épanchements absolus. En dehors des affections de la famille, elle n’avait pas encore rencontré l’être aimant répondant véritablement aux besoins de tendresse de tout son être et de toute son âme.

Incapable de soumettre son esprit à des recherches de ce genre, Jeannette songeait seulement que son amie ne ressemblait pas aux autres jeunes filles ; elle s’avouait ingénument à elle-même que la moitié des hommages que recevait Marie-Anna suffirait à remplir sa vie d’un éternel contentement.

Elles continuèrent leur promenade en silence.

Au loin, devant elles, le village de St-Jacques des Grandes-Piles allongeait sa ligne de claires maisonnettes comme un gros chapelet blanc oublié sur le bord d’un étang sauvage. La frêle coquetterie de ce village perdu dans la montagne semblait souffrir du voisinage des Piles qui l’écrasaient de leur ambiance lourde.

— Il pleut ! s’écria Jeannette tout-à-coup.

De grosses gouttes de pluie tachèrent la route poudreuse. Les jeunes filles pressèrent le pas