Henri sembla chercher ses mots dans une langue inconnue. Il fut quelques secondes sans répondre, la tête penchée, les yeux sur le tapis. Enfin, il lâcha tout d’une haleine :
— Je ne sais comment t’exprimer ce que je ressens ; tu n’es plus avec moi la véritable amie que j’aimais ; tu ne me parles plus comme autrefois et hier soir encore, tu m’as causé une bien grosse peine ! Pourquoi ne m’aimes-tu pas, Marie-Anna ?
L’attaque était directe. Marie-Anna la reçut impassible. Il continua, parlant toujours avec difficulté :
— Écoute, je ne sais pas dire ce que j’éprouve parce que je suis devant toi ; je n’ose pas… Ne me dis rien… je t’écrirai demain et tu sauras…
Marie-Anna souffrait de le voir si pitoyable pour l’amour d’elle. Comprenant qu’elle devait enfin parler, elle évoqua le souvenir de Jacques, les mille futilités de tendresse qui l’attachaient à lui, le retour qu’elle croyait prochain et puisa dans cette évocation le courage de briser d’un coup ce malheureux amour si soumis et si tendre qui l’assiégeait à ce moment.
Elle dit un peu sèchement, sans le regarder :