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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Henri sembla chercher ses mots dans une langue inconnue. Il fut quelques secondes sans répondre, la tête penchée, les yeux sur le tapis. Enfin, il lâcha tout d’une haleine :

— Je ne sais comment t’exprimer ce que je ressens ; tu n’es plus avec moi la véritable amie que j’aimais ; tu ne me parles plus comme autrefois et hier soir encore, tu m’as causé une bien grosse peine ! Pourquoi ne m’aimes-tu pas, Marie-Anna ?

L’attaque était directe. Marie-Anna la reçut impassible. Il continua, parlant toujours avec difficulté :

— Écoute, je ne sais pas dire ce que j’éprouve parce que je suis devant toi ; je n’ose pas… Ne me dis rien… je t’écrirai demain et tu sauras…

Marie-Anna souffrait de le voir si pitoyable pour l’amour d’elle. Comprenant qu’elle devait enfin parler, elle évoqua le souvenir de Jacques, les mille futilités de tendresse qui l’attachaient à lui, le retour qu’elle croyait prochain et puisa dans cette évocation le courage de briser d’un coup ce malheureux amour si soumis et si tendre qui l’assiégeait à ce moment.

Elle dit un peu sèchement, sans le regarder :