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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

mobile, froide ; lui, suppliant, un genou à terre, dans une attitude de prière et d’imploration.

— Je ne veux pas croire que c’est à moi que tu parles, Marie-Anna ! reprit-il. Tu te défends de m’aimer et tu ne sais pas ce que tu éprouves pour moi ; non, tu ne le sais pas ! Tu n’as jamais aimé. Ma voix te laisse insensible ou surprise parce que c’est la première fois que tu entends parler d’amour. Autrefois, je ne voyais en toi que la jeune fille dans tout ce que ce nom contient de jeunesse et pour rien au monde je n’aurais voulu troubler la paix de ton cœur. Si la passion ne m’avait crié : « Parle-lui ; elle est femme aujourd’hui ; elle te comprendra ! » J’aurais continué de t’adorer sans te le dire. Je ne voudrais pas pour toi d’un bonheur incomplet ou passager ; je pense à l’avenir Marie-Anna, je pense à toute ma vie, à la tienne en te parlant ainsi. Je pense à notre foyer. Je veux qu’une femme que j’aime me suive et soit ma compagne aimante et aimée. Et cette femme-là, c’est, toi, c’est toi seule, Marie-Anna !

Il s’était encore approché d’elle ; ses bras l’enlaçaient presque et ce contact le secouait d’un tremblement nerveux qui altérait sa voix. Marie-