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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/175

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

de larmes, la couvrant d’un regard tout chargé de reproches.

Marie-Anna laissa tomber sa plume et courut se jeter dans les bras de sa mère. Madame Carlier la pressa sur son sein et couvrit son front de baisers.

— Viens avec moi, Marie-Anna, viens ! dit-elle en essuyant ses larmes et en l’entraînant.

Elles sortirent. Marie-Anna chancelante et comme énivrée de douleur se laissa conduire jusqu’à l’église où sa mère la fit entrer en disant :

— Prie, mon enfant. Cela te fera du bien.

Marie-Anna se vit toute seule dans le temple. Un mouchoir sur sa bouche pour comprimer ses sanglots, elle avança vers la petite lueur jaunâtre d’un cierge achevant de se consumer au fond du chœur. L’ambiance calme du lieu lui fut d’une douceur infinie en harmonie avec sa désolation ; le silence imposant de l’église apaisa peu-à-peu les battements de son cœur sous sa poitrine oppressée et haletante. Elle approcha du maître-autel, s’agenouilla, laissa tomber sa tête sur ses mains jointes et pria longuement, ardemment, avec toute sa ferveur de Canadienne pieuse.

Qui n’a touché au paroxysme de la souffrance